ShiYan, premiers jours

ShiYan c'est pas Pékin : le taxi passe au milieu de barres d'immeubles dans le plus pur style HLM, qui semblent avoir atterri par erreur au milieu des montagnes. La plupart des bâtiments sont couverts de publicité sur au moins un étage (je sais rarement de quoi il s'agit mais je comprends au moins ça).
Près de Tianamnen ça allait encore, mais là la route c'est la jungle, les piétons qui traversent le font au péril de leurs vies, les feux rouges et les passages pour piétons semblent être surtout là pour la décoration.

Au bout d'un moment on arrive sur une route en travaux, c'est le chemin qui mène jusqu'à chez MaiZhen qui est en rénovation, pour le moment c'est assez sportif de passer par là, pendant quelques kilomètres on passe une ou deux vallées en alternant les passages sur la terre aplatie et sur le bitume plein de trous.La ville bétonnée est derrière, là c'est plutôt des maisons de paysans, il faut dire que les montagnes sont un peu trop étroites pour construire autre chose que des petits bâtiments de temps en temps. On croise plusieurs vélos ou motos transportant de gros chargement de bois, de ballots divers... ainsi que de nombreux camions de terre qui participent aux travaux.

On finit quand même par tourner pour arriver dans un quartier plus populeux, d'ailleurs c'est apparemment le marché partout, les gens vendent leurs légumes au bord de la route. Les légumes viennent de la rivière qui court tout le long de la route : là où la rive n'est pas bétonnée ou complètement transformée en décharge, des petits potagers improvisés sont apparus (je dis improvisé parce que d'après MaiZhen c'est théoriquement interdit de faire pousser des légumes n'importe où). Je ne l'avais pas remarqué jusqu'à ce moment, mais au détour d'une barre de bâtiments la rivière s'élargit, et on voit que la berge est devenue une multitude de petits champs au milieu desquels passe une eau d'une couleur peu engageante.

Bon, après avoir traversé encore une petite rue encombrée on finit par arriver à destination dans la cour d'un ensemble d'immeubles. La bonne demi-heure de taxi a coûté 20 yuans et quelques, soit à peine 2 euros... La maman de MaiZhen est dehors pour nous accueillir, le papa sort aussi, on nous fait rentrer, l'appartement est au rez-de-chaussée, il y a d'autres gens à l'intérieur, dont un cousin qui parle anglais et qui tient beaucoup à me parler, et le petit neveu YangYang qui trouve que je suis très beau, je lui dis que lui aussi il est très beau.
Après que MaiZhen ait retrouvé ses parents et que tout le monde ait épuisé mon vocabulaire de chinois (tu as froid? tu as faim? c'est fatiguant le voyage? c'est la France ou la Chine le plus joli pays? etc.), on finit par se mettre à table.

C'est une fondue, donc il y a un grand plat électrique spécial au milieu de la table, on met de l'eau dedans et ça la fait bouillir, quand c'est assez chaud on met plein d'ingrédients qui sont autour de la table. Après chacun se sert, sauf moi car tout le monde me sert avant que je puisse protester (enfin MaiZhen aussi se fait largement servir quand même). Quand je vois ça je me dis que ça devrait être poli de servir aussi au moins papa, maman et YangYang (et puis MaiZhen me le dit aussi), tout le monde est très content.

Après le repas tout le monde repart travailler, l'après-midi se passe avec MaiZhen qui parle avec sa maman, montre des photos... Si j'ai bien compris, pour nous ils ont acheté un nouveau canapé dans le salon et un lit dans la chambre de MaiZhen, donc bien qu'un peu crevé je tiens jusqu'au repas du soir. La douche ce n'est pas possible maintenant, car l'entreprise qui fournit l'eau à tout le quartier ne donne de l'eau chaude qu'entre 19h et 22h30. Le soir c'est re-fondue, avec d'autres gens qui viennent nous voir. On a mangé pas mal de fondues durant le séjour, apparemment normalement il n'y a que pendant la fête du printemps qu'on mange autant!

Le soir tout le monde se couche assez tôt, d'une part on est assez fatigués et d'autre part un cousin habite chez eux et dort dans le salon, et il vaut mieux bien dormir quand on travaille à l'usine 12h par jour presque 7jours/7...

La nuit c'est assez calme, sauf qu'on entend bien quand les passants se raclent la gorge pour cracher, un passe-temps national on dirait. Il y a aussi une usine d'assemblage de cabines de camions pas très loin, et on entend bien quand il y en a une qui est terminée...
Le matin, dehors il y a de la musique, je croyais que c'était le réveil de la ville, en fait c'est l'appel des usines : quand la musique s'arrête, c'est une amende ponctionnée sur le salaire des retardataires!

Ce jour-là la première mission c'est d'aller ouvrir un compte en banque et changer nos euros, après le petit-déjeuner (des pâtes chinoises et des baozi, des boules de pain fourrées comme des raviolis, achetés à côté pour 1yuan pièce) on part pour le centre-ville.

L'arrêt de bus est juste en face de l'entrée des immeubles, sur une petite place. Il y a encore des légumes qui poussent en bas des immeubles, il y aussi de billards installés en bas d'une entrée, à d'autres endroits des gens jouent au mahjong...

Je fais connaissance avec les bus de ShiYan. Les bus de Pékin étaient très modernes, bien propres, avec des télés diffusant des clips musicaux... Ici des fois il y a aussi une télé, par contre on ne peut pas dire qu'ils soient très modernes, ce ne sont pas des épaves roulantes mais par contre ce sont des vieux bus très poussiéreux, avec des vieux sièges en plastique, des poignées déglinguées... J'en ai vu qui roulaient avec la carosserie arrière complètement déchiquetée!
On est au terminus donc on trouve facilement de la place, mais ça se remplit bien vite et au bout de quelques arrêts les nouveaux arrivants ont du mal à rentrer. Bien sûr il y a pas mal de gens qui me regardent.

On reprend en sens inverse le chemin de la veille, mais au milieu du trajet on s'arrête car il faut changer. Cette fois c'est un minibus, il y en a beaucoup qui passent mais il faut avoir un peu de chance : il n'y a pas d'arrêt fixe donc il faut les héler, ils sont tous en concurrence, et s'ils voient que les clients sont trop loin, trop lents à monter ou trop peu nombreux ils passent leur chemin pour arriver plus vite!

Cette fois c'est direction le centre-ville. J'ai retenu trois étapes bien distinctes : la route en travaux, qui relie la banlieue de chez MaiZhen à la ville de ShiYan; après, une route qui fait une longue courbe en passant entre des immeubles presque adossés à la montagne, et la rivière qui s'est ici bien élargie, avec sur la rive en face des usines et des bâtiments d'entreprise, y compris la centrale électrique qui produit le courant de la ville; et enfin on commence à arriver au centre-ville, l'hypercentre étant la place du peuple où se trouvent également les plus grands magasins de la ville.



Là on passe sans s'arrêter, la banque qu'on cherche est encore loin. Les trottoirs sont larges, il y a de l'animation, surtout des vendeurs ambulants avec leurs charrettes et des gens qui jouent au badminton ou à d'autres jeux.

La conduite c'est toujours autant n'importe quoi : le chauffeur accélère à fond, vire brusquement, freine d'un coup sec pour prendre des passagers... La plupart des autres véhicules font de même, les taxis se faufilent sans aucune précaution, du coup tout le monde est habitué et fait très attention à ce qui se passe autour, ce qui fait qu'il n'y a pas autant d'accidents qu'il devrait. Quand ça ne passe pas, ça ne casse pas forcément! Bon, c'est en général hein, régulièrement ça casse quand même... Mais en ce qui nous concerne on n'a pas de problème, et au bout d'un moment on finit par arriver.

En sortant du bus je me rappelle que mes poumons ne sont pas habitués à l'atmosphère ambiante : au début c'est un peu comme si on se tenait en permanence derrière un camion au démarrage. J'arrive tant bien que mal à suivre jusqu'à la banque, manque de bol contrairement à ce qu'on pensait ce n'est pas ouvert le samedi matin et on rentre bredouilles. 45 minutes de cahots d'aller + 45 minutes retour et un bon décrassage de poumons, voilà de quoi bien commencer la journée!


L'après-midi on y retourne, cette fois c'est direct à la place du peuple, on va voir quelques magasins, on visite deux restaurants pour le mariage chinois de la semaine suivante, puis on va dans le magasin "best shoot photo", c'est le magasin de photos de mariage : c'était réservé depuis plusieurs mois grâce aux copines, mais il faut prévoir pas mal de détails, et la journée de photos c'est le lendemain! On en a pour une petite heure, quand on sort il est déjà 19h et il fait bien nuit.
Ensuite c'est restaurant (encore fondue) avec le frère et la belle-soeur qui nous ont rejoint au magasin, 100 yuans (à-peu-près 10 euros) pour 5 personnes dans un restaurant plutôt chic. Ca a l'air pas trop cher pour nous, mais le salaire mensuel moyen en Chine est autour de 1000 yuans...

Pour le retour il est trop tard pour les bus, donc on prend encore un minibus, qui nous laisse (une petite demi-heure après...) à l'entrée du quartier de MaiZhen, et là on prend un taxi un peu spécial : c'est une mobylette à trois roues, avec un grand siège à l'arrière, protégé du froid par des panneaux de bois qui servent de mur et de toit (normalement c'est interdit paraît-il), ça a l'air assez vieux, ça ne va pas très vite et c'est tout brinquebalant, et les phares sont aléatoires; d'ailleurs elles ne peuvent desservir que le quartier, sous peine de forte amende.

Au moment du coucher, j'ai donc déjà eu un bon aperçu de la vie quotidienne à ShiYan.

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